« Notre siècle étroit et bête me pèse comme un vêtement qui n’est pas à ma taille. »
Félicien Rops (1833-1898)
Cher Félicien,
Je viens vers toi à petits pas, en échos à tes mots.
A cent dix-neuf ans d’écart, au cœur de notre terre namuroise, mes pensées et mes émotions évoluent familières à ton univers.
Notre vieux monde, Félicien, tourne fou.
Nos racines tiraillées éprouvent bien des difficultés à se nourrir. De nouveaux outils nous enchaînent à la totalité du monde. C’est au prix d’un lourd tribu que les êtres évoluent dans une piégeante liberté.
Les jeunes sont perdus emportés par une calèche ne touchant plus le sol. Les traces et les chemins s’emmêlent, se ficèlent dans un obscurcissement de l’avenir et laissent glisser çà et là, des cordes où certains se pendent.
Le diable a revêtu des allures mystiques, il se déguise en messager de dieu. Perfide, cruel, abominable, il déchire l’humanité. Les ailes des anges se déploient encore en survol des morts.
Certains cravatés cravachent violemment les droits sociaux acquis à la sueur de nos aïeuls.
Le sexe s’étale sur des écrans éjaculateurs d’images et de sons. Les femmes longues au pubis lisse s’enlisent jusqu’au rang du pouvoir. Leur peau mate, teintée de bronze se mêle au miel des hommes.
Si, le crabe immonde n’a pas franchi le seuil de leurs organes, la mort emporte tard les vieux et les vieilles.
Oh, Félicien, pardonne ma déferlante noire…
Comme hier, et de tout temps, rien n’est plus puissant que le force interne qui pousse les êtres dans les bras de l’un à l’une à l’autre.
Tant que subsisteront l’amour, l’amitié, le respect des valeurs profondes, les anges vivront ping-pong entre le bien et le mal.
Al’Tesse, maîtresse des gestes loyaux se dresse dans ce monde et claque son drapeau à la gueule des vautours.
Bien à toi, comme on l’écrit ici, je pèse mes mots.
A bientôt,
Ta Namuroise.